La nature et particulièrement la montagne n’ont pas leur pareille pour éveiller en moi cet immense sentiment de bien-être, de connexion, de présence, d’alignement et de gratitude que je ressens à leur contact. Et avec elles, l’envie de vous partager la beauté parfaite de ces paysages, les émotions qui m’animent et tout ce que je tire comme apprentissage de la nature et de la marche, car pour moi, randonnée en montagne et apprentissage personnel sont intimement liés. Retour sur 3 jours dans la magnifique vallée de l’Ubaye…
Un objectif en montagne, c’est comme un objectif dans la vie
Aller randonner en montagne, c’est d’abord se fixer un objectif. Ce qui me confronte immédiatement à l’une de mes grandes problématiques, celle du choix. Car oui, il faut choisir. Quel endroit ? Quel parcours ? Quelle durée ? L’envie de tout voir et de tout découvrir est tellement forte que le choix est souvent une étape frustrante et compliquée, car choisir un lieu implique de renoncer aux autres. A force de pratique, j’arrive à m’observer avec un peu plus de recul. Si cette sensation ne disparait pas complètement pour autant, j’arrive à lâcher prise plus facilement.
Mon choix se porte donc sur la vallée de l’Ubaye, avec comme point de départ le très joli hameau de Maljasset, qui mène vers des paysages et des vallons sauvages de toute beauté, vers des sommets de plus de 3000m aux vues spectaculaires. Peuplées de mélèzes, les forêts de l’Ubaye promettent des couleurs d’automne flamboyantes que je rêvais d’admirer.
L’un des avantages de se fixer un objectif, outre le fait qu’il permet de savoir où aller, c’est qu’il permet de lâcher prise pour profiter du chemin en se laissant aller, en faisant taire le mental. Rassuré de savoir où il va, le mental retrouve alors sa place originelle, celle d’un outil puissant au service de nos motivations et de nos buts.
Le trajet en lui-même est déjà dépaysant. Les cols d’altitude offrent des paysages à couper le souffle, les vallées ont revêtu leurs robes d’automne, les mélèzes jaunes orangés donnent le ton, la déconnexion du quotidien est bien là.
Vivre les saisons et les changements qu’elles apportent
On traverse en quelques heures 3 saisons : l’été qui se prolonge sur la Côte d’Azur, l’automne en vallée qui apporte douceur et couleurs chaudes, et l’hiver qui pointe le bout de son nez sur les sommets déjà enneigés.
Je ne peux m’empêcher d’observer ce parallèle entre les saisons de la nature et les saisons qu’on vit tous intérieurement. L’été, c’est l’effervescence, la réalisation de plein de choses, de projets, d’envies. L’automne, c’est le retour au calme, à la douceur, et l’envie de s’introspecter pour vérifier ce qui nous convient, ce qui ne nous convient plus. L’hiver, c’est la froideur extérieure et la chaleur intérieure, le moment où on a envie de se mettre au chaud, de faire peut-être certains deuils, ceux des choses qui n’ont plus la place dans notre vie. Ces saisons, on les traverse tous, que ce soit étalées dans le temps ou sur une seule journée. On a tous des cycles, des moments où on va sentir de l’énergie en soi pour se lancer dans quelque chose, des moments où on va les réaliser et être en énergie haute, mais aussi des moments où on va se questionner, douter, et commencer à s’intérioriser, pour réaliser peut-être qu’il faut se défaire de certaines choses. Et réaliser que tout passe, tout change, constamment, et que s’en souvenir permet de prendre du recul pour savoir que tout moment difficile va passer.
Profiter du chemin…
L’arrivée à Maljasset signe le départ de 3 jours de randonnée, et apporte une sensation instantanée de bien-être et de sérénité. J’admire la beauté des paysages, la douceur des tonalités jaunes des arbres, la fraicheur des sommets enneigés au loin, je savoure les odeurs, je prête attention aux chants des oiseaux, je suis pleinement et instantanément plongée dans l’instant présent. Le vallon se dévoile peu à peu plus sauvage, plus aride, les herbes brûlées lui conférant des airs de Mongolie. La 1ère nuit se passera sous la tente dans la fraîcheur des nuits de novembre, avant de reprendre le chemin au petit matin pour aller se confronter à un univers plus minéral et plus enneigé. L’arrivée au col du Longet offre d’admirer une vue superbe sur les lacs alentours, sur le Mont Viso juste en face, et signe le début d’une ascension dans la neige vers un sommet bien connu de l’Ubaye, le Bric de Rubren.
Les journées sont maintenant courtes, le soleil se couche vers 18h, et avec lui, l’occasion de s’émerveiller devant les couleurs tombantes du jour et les lumières dorées qui se reflètent sur la neige. La sensation est unique, magique. En prenant de la hauteur, on réalise qu’on est tout petit, que nos soucis du quotidien le sont, pour la plupart, aussi, et que tout autour de nous, quelque chose s’écoule toujours, tout le temps : la vie. Le soleil couchant est là pour nous le rappeler. On savoure ces derniers instants de lumière pour redescendre au petit refuge qui nous attend en contrebas. La température se fait fraîche et la surprise est agréable que de trouver ce refuge chauffé naturellement. A 20h, la nuit est déjà pleine et sombre, l’occasion de sortir admirer les étoiles et la voie lactée. A 3000m d’altitude, on se sent tout près des étoiles, un spectacle saisissant. On respire l’instant, on emmagasine cette énergie, ce bien-être. Après une nuit confortable, on se réveille avant le lever du soleil pour aller l’admirer tout là-haut, au sommet de Rubren. Quel spectacle là encore… Les premières lueurs du jour sont déjà là, offrant au loin de douces couleurs orangées. Le soleil pointe enfin le bout de son nez à l’horizon, s’élevant doucement dans le ciel et avec lui, sa robe dorée qui illumine la neige et réchauffe les sommets environnants. On redescend pour s’offrir un petit déjeuner bien mérité, dans l’immensité blanche, au milieu des sommets, d’une vue magnifique, et d’une sérénité ambiante. Ici, pas un bruit. Juste celui du silence. Cet instant est propice à la méditation, l’occasion de pleinement se connecter à l’instant présent, à soi, à ce qui nous entoure.
L’envie de rester là encore des heures nous démange, mais il faut bien redescendre. Après une bonne heure à profiter de cet instant magique, on attaque la descente et le chemin du retour. Le retour et la fatigue apportent une sensation unique et particulière : celle de savourer encore plus intensément les derniers pas, les dernières lumières, les dernières odeurs, les dernières sensations et émotions de bien-être. Grâce à la fatigue, le mental n’existe plus. C’est un moment vraiment spécial car complètement déconnecté du mental, pour n’être que sensation, uniquement plongé dans l’instant qui existe. Ce sont ces rares moments qui sont les plus précieux, et me font sentir pleinement et entièrement vivante, pleine d’émerveillement et de gratitude devant tant de beauté, devant tant de perfection, devant tant de vie et de pureté.
… et ancrer chaque instant
Ces moments de bonheur sont à ancrer en soi, pour les emmener avec soi, une fois de retour dans son quotidien. Loin d’être des moments de déconnexion, ils sont au contraire des moments de pleine connexion, qui permettent aussi de se questionner : suis-je au bon endroit dans ma vie ? Est-ce que je me sens alignée avec mes envies et mes besoins profonds ? Qu’est-ce que je veux vraiment ? Ou tout simplement, est-ce que je sais profiter des instants du quotidien et de ce qui m’est offert, sans me focaliser sur ce qui n’est pas ni sur ce qui manque ? Car ces instants dans la nature sont le reflet de cela : tout instant est parfait tel qu’il est, à partir du moment où on sait pourquoi on le fait, où on sait le ressentir, où on sait l’admirer et l’apprécier, où on sait se connecter pleinement à l’ici et maintenant.
“Yesterday is history, tomorrow is mystery, today is a gift.” Eleanor roosevelt
Instant coaching | Ce que la randonnée permet d'apprendre sur soi
- Se fixer un objectif, cela veut dire donner un sens, une direction. Cela permet de se mettre en mouvement, et aussi d’atteindre un but et de se sentir fier de soi. Se fixer un objectif, ça ne veut pas forcément dire rester toujours sur les mêmes rails. Un objectif peut être révisé, modifié, en toute liberté.
- Se définir un but, c’est faire un choix. C’est choisir un chemin, parmi un tas de possibilités. La facilité ou la difficulté à faire des choix dit quelque chose de nous. Peur de « passer à côté » de quelque chose, de « faire le mauvais choix », de se tromper, d’échouer… Faire un choix demande à se connecter à ses valeurs, à ses besoins et à ses aspirations. Cela demande aussi de lâcher prise, de lâcher le contrôle du futur.
- La connexion à l’instant présent. On est souvent en mode pilote automatique. On est souvent en prise avec notre mental. La randonnée et la nature permettent de se connecter plus facilement à soi.
- Se relier à ses besoins et ses valeurs : qu’est-ce qui me fait vibrer à cet instant ? Qu’est-ce qui me plait ? Pourquoi je fais ce que je fais ? De quoi ai-je besoin ? Quel sentiment cela me procure que de répondre à mes besoins ?
- Cultiver la gratitude. La nature et ses paysages font naturellement émerger ce sentiment de gratitude face à la beauté de ce qui nous entoure. Il est bon de se rappeler que ressentir de la gratitude fait du bien, et qu’on peut tous le faire au quotidien en se remémorant à chaque fin de journée tous ces petits intants de bonheur. Tout ce qu’on a déjà et qui nous rend heureux.
- Se dépasser. La randonnée, c’est aussi l’occasion de se confronter à des difficultés (souffle court, muscles endoloris, froid, fatigue, etc.). Et de continuer malgré tout, de ne pas lâcher, d’être fort mentalement, et d’être fier de soi lorsqu’on atteint son but.